peur abandon

La peur de l’abandon : comprendre le mécanisme

La peur de l’abandon prend naissance quand au préalable il y a déjà eu un événement réel ou imaginé d’abandon. C’est donc en réalité la peur que cela recommence, voire même, la peur d’avoir peur de revivre la même chose qui pèse en permanence.

Cette peur agit directement sur les pensées, comportements et choix

Puisque la personne se sait avoir été abandonnée une première ou même plusieurs fois, elle laisse la place aux convictions d’être inférieure aux autres, d’être comme maudite, comme si elle ne méritait pas, comme si quelque chose en elle expliquait le rejet, l’indifférence, l’absence, le manque d’intérêt, le non engagement, la trahison et le non amour. « Ça n’arrive qu’à moi ! », « Je ne suis pas assez ceci ou cela », « Qui voudrait de moi ? » prend tout son sens, et le comble du paradoxe c’est que la personne elle-même par ses choix et décisions s’engouffre dans des situations qui ne viennent que renforcer ses croyances en laissant vivre des situations toxiques ou qui donnent peu de chance à l’épanouissement, à la satisfaction ou à la sérénité.

la peur de l’abandon rend dependant de l’autre

Incapable de gérer ses émotions, la personne vacille entre le don de soi et la persécution. Incapable de s’affirmer par peur du rejet et du conflit, elle jongle et provoque des crises et de la culpabilisation, malgré tout pour pleurer ses besoins.Convaincue que la réponse à ses besoins ne peut venir que des autres, elle souffre dans l’attente, le vide et l’immense chagrin d’être incomprise. Elle ne sait pas remplir son existence par des projets et des buts. Elle préférera monter dans la barque de l’autre, vivre le projet de l’autre, contribuer à la réalisation des objectifs des autres, répondre aux besoins des autres, … donc certes très serviable … mais pour constater à moyen terme, une fois toute la substance donnée, qu’elle a été oubliée, par l’autre pense-t-elle, alors que c’est elle qui s’est abandonnée et sacrifiée pour avoir en retour la reconnaissance, la considération, et surtout l’assurance de la présence et de l’affection. Et tout en agissant ainsi, à tout faire et tout donner, c’est vers le sabotage de la relation et l’oubli de soi qu’elle s’est rendue.

UN SENTIMENT DE FATALITÉ

La personne qui a peur de l’abandon a peur car justement elle reste convaincue qu’elle connaitra à nouveau l’abandon, que le risque est là, que cela fait partie de son destin, et que l’imminence de l’événement tant redouté est à bout de bras. Elle vit dans un tel état de panique que les faits sont déformés, le vide expliqué de façon à la desservir, et les comportements s’orientent pour l’amener elle-même à provoquer ce qui l’angoisse tant. Même instauré par elle, elle le vivra comme un abandon subi et rebondira sur ce nouveau fait pour confirmer et se conforter dans l’idée qu’elle n’est pas aimable et pas suffisamment bien pour vivre autre chose que l’abandon. Suspicion, jalousie, culpabilité, isolement, contrôle, manipulation, fuite, non engagement, sacrifice … tout est bon pour nourrir le mécanisme et arriver au même résultat déjà vécu x fois.

la peur de l’abandon maintient dans l’insécurité permanente

Vivre avec la peur de l’abandon, c’est vivre en permanence avec la peur au ventre que tout est susceptible d’être un danger pour soi, ou pour sa sécurité affective. Une peur si profonde qu’en son antre, peuvent loger d’autres peurs tout aussi irrationnelles, comme la peur du vide, de la solitude, du regard des autres, ou la peur de décevoir, etc. Le besoin d’être rassuré devient étouffant pour la personne ou le groupe sur qui la réponse au besoin a été posé. C’est ensuite la descente aux enfers, parfois en prenant le chemin de la violence. De pression en abus, de besoins en attentes, ce que vous craignez le plus arrive : vous êtes quitté. Et quand d’histoire en histoire, la peur se renforce, et se transforme en faille béante, c’et un risque encore plus grand qui se dessine ; celui d’être repéré par une personnalité toxique, voire dangereuse qui non seulement prouvera à la personne d’avoir raison dans sa croyance de ne pas être convenable, comme il faut, et donc non aimable, mais de plus lui fera payer au prix cher, parfois celui de sa vie.

la peur de l’abandon pousse à la devalorisation

Quand on est dans la peur, on est dans l’anticipation, donc dans la projection d’un futur possible. On ne vit pas au présent, mais en référence de ce qui a déjà eu lieu, et de ce qui risque d’être. Cet affolement fait qu’il n’y a plus de place pour l’écoute de soi et de ses émotions. Pas de ressenti interne ou d’observation de son intuition, donc pas d’analyse par les faits. Les décisions sont influencées par les peurs, par le besoin de fuir la sensation liée à la peur, la seule perceptible, et donc la place donnée principalement à l’impulsivité qui pousse à l’erreur et aux conséquences qui vont avec. Une fois la situation prise en conscience, c’est le doute de soi, la culpabilité d’avoir agi de la sorte, et rebelote, le processus de reprendre à ses débuts : dénigrement de soi, sentiment d’infériorité, etc.

Geneviève Krebs, psychopraticienne en thérapies brèves et coach. Spécialiste du trouble de la dépendance affective. Auteure d’une douzaine de livres dont le bestseller “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en mains et agir” et “combler ce vide en nous” parus chez Eyrolles