Le cycle de la violence conjugale

Le cycle de la violence conjugale est mis en place par l’agresseur et lui permet de maintenir sa domination sur sa conjointe. Quatre phases s’enchaînent :

Phase 1 : escalade de la tension

Dans la première phase, la tension du conjoint monte, ce qui crée un climat de peur et d’anxiété pour la victime. Le droit à l’expression est volontairement privé sur un temps assez long, ce qui est déjà considéré comme de la violence. Dans cette phase, le conjoint utilise souvent la violence verbale et psychologique. Ces attaques sont parfois considérées comme mineures par la conjointe qui croit faussement qu’elle pourra contrôler la situation. En acceptant que son agresseur l’humilie et la manipule, elle renforce le pouvoir qu’il a sur elle. Elle ne s’en rend pas compte. Tout ce qui lui importe à ce moment-là est de « garder l’église au milieu du village » ! Et que la situation revienne au calme.

Phase 2 : explosion de la violence

La deuxième phase, généralement courte mais dévastatrice, se traduit par l’explosion d’abus du conjoint. Pendant cette période, la victime est en état de choc. Parfois, l’agresseur peut avoir recours à des actes sexuels ou à la menace des armes. Traumatisée, la victime a les idées et les sentiments confus. Elle a besoin d’aide pour des premiers soins, mais est souvent incapable de trouver un moyen de sortir du cycle. Le conjoint violent peut lui proposer des soins qu’il octroie lui-même, ou, selon la gravité, peut l’emmener chez un médecin tout en la persuadant que ce qui est arrivé est de sa faute et qu’il est préférable de ne pas en rajouter en allant se plaindre. Qu’il en résulterait que le couple serait séparé, que les enfants seraient privés de leurs parents, pour terminer avec « qu’est-ce que tu ferais toute seule sans moi ? ».

Phase 3 : justifications et excuses

À la troisième phase du cycle, l’agresseur tente de se justifier en expliquant les raisons de son acte. De son côté, la victime, souvent de façon inconsciente, cherche des réponses aux gestes violents de son partenaire. Suite aux justifications de son conjoint, le doute et la culpabilité l’envahissent peu à peu. La victime étant totalement anéantie, elle absorbe à ce moment-là les prétendues vérités que lui déverse son agresseur.

Phase 4 : lune de miel

À la dernière phase, le conjoint agresseur s’excuse en promettant qu’il ne recommencera plus. Il peut alors redevenir gentil et charmant. À ce moment-là, l’espoir d’une relation saine renaît chez la victime. Puis dans un autre moment imprévisible, la tension du conjoint remontera, explosera, il se justifiera et demandera encore pardon à sa conjointe et ainsi de suite.

À chaque réactivation du cycle, l’agresseur renforce son pouvoir, et la victime est un peu plus détruite. « La violence est aussi inefficace qu’immorale. Elle est inefficace parce qu’elle engendre un cycle infernal conduisant à l’anéantissement général », disait Martin Luther King. « La violence a coutume d’engendrer la violence », disait déjà Eschyle vers 525 avant J.-C.

La violence dans le couple va d’escalade en escalade. Les insultes et humiliations verbales laissent place aux gifles et coups. Au fil du temps, les abus sont de plus en plus fréquents jusqu’à instaurer la terreur quotidienne, même si elle est entrecoupée de phases d’espoir. Dans certains couples, le type de violence reste au niveau de l’agression verbale et la violence psychologique. Mais de cycle en cycle, la nature de la violence s’aggrave, jusqu’à pousser la victime au suicide ou l’agresseur à l’homicide.

Pour rappel

La loi française prend en compte les actes de violence dans le couple mais aussi ceux commis alors que le couple ne vit plus sous le même toit. Cette précaution a toute son importance dans le sens où la rupture peut aggraver le cycle et les types de violence. Dans la plupart des homicides conjugaux, la rupture est l’élément déclencheur du meurtre. L’agresseur n’hésitera pas à passer à l’acte quelques jours, semaines ou mois qui suit la rupture. « Ce danger réel explique en partie pourquoi il peut être très difficile pour les victimes de violence conjugale de se séparer de leur partenaire », comme l’indique Amnesty International, et de rappeler quelques signaux d’alarme.

Les comportements qui peuvent se manifester au cours du cycle de la violence conjugale

  • L’auteur crie, vous injurie, vous accuse, vous insulte, vous humilie.
  • Il adopte des attitudes menaçantes.
  • Il fait pression sur vous en vous culpabilisant.
  • Il vous force à prendre des décisions contre votre gré.
  • Il ne vous donne pas ou pas assez d’argent pour le ménage.
  • Il manipule les enfants.
  • Il prend des décisions importantes sans vous consulter.
  • Il vous tourne en ridicule devant d’autres personnes.
  • Il dit du mal de votre famille et de vos ami(e)s.
  • Il ment.
  • Il est excessivement jaloux.
  • Il ne respecte pas ce qui a été décidé.
  • Il n’assume pas sa part de responsabilité.
  • Il nie ou minimise ses actes violents.
  • Il prétend qu’il est violent par votre faute.
  • Il s’oppose à ce que vous travailliez à l’extérieur.
  • Il vous reproche vos dépenses.
  • Il consomme des drogues et boit trop d’
  • Il menace de se suicider ou de se faire du mal.
  • Il menace de dire ou de faire des choses qui auraient des conséquences fâcheuses.
  • Il vous empêche de rendre visite à des ami(e)s, des parents.
  • Il contrôle vos appels téléphoniques.
  • Vous devez avoir son autorisation pour vous rendre dans certains endroits, il vous en interdit d’
  • Il profère des menaces contre vous ou d’autres personnes.
  • Il arrive à l’improviste ou vous appelle sans cesse au téléphone.
  • Il vous surveille.
  • Il refuse de s’en aller quand vous le lui demandez.
  • Il utilise sa supériorité physique pour vous faire peur.
  • Lors de disputes : il vous bloque le passage ; il crie ; il conduit la voiture brutalement ; il s’attaque à des choses auxquelles vous tenez ; il frappe des objets, les jette autour de lui ; il recourt à la violence contre vous, contre vos enfants, contre les animaux domestiques ; il bat, donne des coups de poings, immobilise, mord.
  • Il vous traite de manière déshonorante et avilissante.
  • Il vous contraint à accepter des relations sexuelles.
  • Il vous viole.
  • Il utilise des armes ou en porte constamment sur lui.

 

© Geneviève Krebs, psychopraticienne en thérapies brèves et coach. Auteure de “Quand l’amour nous fait accepter l’inacceptable : la dépendance affective nous rend-elle plus vulnérable à la violence conjugale ?” et de nombreux autres livres dont le bestseller “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en main et agir” parus chez Eyrolles

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