Pourquoi certaines personnes rencontrent plusieurs fois dans leur vie des pervers narcissiques et d’autres non ? Vie sentimentale, professionnelle ou amicale, il arrive parfois que des personnes enchainent la mauvaise expérience d’une relation aux prises avec un PN. Est-ce le hasard ou existe-t-il une raison précise qui explique ce phénomène ?
Attention : dans cet article le pervers narcissique est nommé “il”, mais il pourrait être “elle…
Qui êtes-vous pour attirer ainsi le pervers narcissique ?
Le pervers narcissique sait détecter, repérer et analyser vos comportements assez rapidement. Il apprécie la personne autonome et responsable, suffisamment solide pour ne pas faire partie des personnalités soumises, et détecte chez elle une particularité ou une faille affective qui la rend adaptable à souhait, craignant le conflit, investie et fidèle lorsqu’elle est engagée dans une relation. Au travail, dans l’amitié ou en amour, cette personne donne sans compter et sans limite.
Quelle est sa stratégie pour duper sa proie ?
Il endort et charme dans un premier temps. Il adapte ses paroles et ses comportements en fonction des attentes de la personne qu’il vise. Si la personne est attentionnée et aidante, il se fera victime pour la toucher et lui permettre de lui venir en aide. Si la personne est attachée à la générosité, il lui fera des cadeaux somptueux et la sécurisera au niveau financier. Si la personne est touchée par la faiblesse ou la vulnérabilité, il jouera le faible et le vulnérable. Si la personne a besoin d’être séduite ; il sera séducteur-charmeur-romantique à souhait ! Il sait jouer le rôle que l’autre attend.
La deuxième étape : l’emprise
Une fois la relation amorcée et la confiance établie, il la fait basculer dans une relation d’emprise. Ses demandes sont de plus en plus fréquentes et importantes. Sans limites à demander l’inacceptable, l’impensable. La victime ayant un problème avec « savoir dire non » et « la peur du conflit », et se souvenant de « tout ce qu’il a été et fait au début de la relation », commence à culpabiliser si elle ne peut répondre à ses demandes. Et malgré tout si elle n’y parvient pas, il deviendra de plus en plus nerveux, culpabilisant et violent… par la parole d’abord ou l’air cynique.
Son moyen de perversion
Sa façon de dire ou déclarer les choses reste vague. Il ne parle pas directement. Cela lui permet d’obtenir sans avoir eu besoin de demander clairement et le cas échéant de se défendre de ne jamais avoir demandé quoi que ce soit.
Cette façon détournée de s’exprimer lui permet aussi de semer le doute chez sa victime et de la déstabiliser pour qu’à la longue, elle perde totalement confiance en elle.
Troisième étape : la cruauté
L’emprise est installée depuis le début de la relation. La victime est accro de ce qu’ils ont vécu ensemble lors de leur rencontre. De leur relation harmonieuse, de leur bonne entente, et de cette conviction au départ, lui ayant si bien répondu à ses attentes et préférences, qu’ils sont faits pour s’entendre. Lorsque l’attitude du prince charmant change pour adopter un visage cruel et pervers, la victime ne peut y croire et se remet en cause, pensant avoir fait quelque chose qui déplait. Si la victime est dépendante affective, elle va culpabiliser et avoir de plus en plus peur de perdre l’autre en qui elle a mis tous ses espoirs et attachement. Le pervers qui a détecté ce doute en l’autre, en profite pour lui affirmer que la situation est ainsi par sa faute. La situation allant de mal en pire, la victime culpabilise de plus en plus et finit par tomber dans la dépression et le désespoir que par sa faute la si belle relation est détruite.
Qu’est-ce qui fait que la perversité continue à prendre ?
Les victimes de ces personnalités perverses et destructrices sont en général des personnes qui ont connu des blessures d’abandon, de rejet et d’humiliation. Elles ne se sentent affectivement pas à la hauteur. L’estime d’elles-mêmes est fragile voire inexistant. Elles ne savent pas poser de limites car l’autre est plus important que tout. Elles ont peur du vide et de perdre ce qu’elles pensent être leur sécurité et socle. Elles ne savent pas faire face à l’agressivité et la violence. Une part d’elles fonctionne de façon infantile.
L’issue pour en sortir ou les éviter
Se faire aider ; travailler sur soi et acquérir de nouvelles compétences en termes d’affirmation de soi et de gestion de l’agressivité. Les notions « savoir qui je suis, ce qui est important pour moi, ce que je veux, ce qui est négociable et ce qui est non discutable » sont à définir. Il est important de prendre du recul pour analyser factuellement avec une aide extérieure le déroulé de l’histoire et les changements de comportements. Il est nécessaire de mettre en lumière les différentes phases du cycle de la violence et des stratégies de manipulation. Sortez de l’isolement et parlez. Trouvez du soutien dans votre entourage familial, professionnel, amical ou auprès d’une association, d’un médecin, thérapeute ou avocat. Observez comme sa stratégie vous a isolé du monde, des autres, de vos proches !
©Geneviève Krebs, psychopraticienne en thérapies brèves, spécialiste reconnue de l’accompagnement pour sortir de la dépendance affective et des blessures d’abandon, de rejet et d’humiliation. Auteure de 14 livres dont le bestseller “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en mains et agir” paru chez Eyrolles.