Qui êtes-vous ? Celui-celle qui subit l’oppression de l’attachement ou celui-celle qui se soumet et se sacrifie par peur de perdre l’autre ?
Si le besoin d’aimer et d’être aimé est légitime, la dépendance affective peut faire souffrir celui qui la vit et celui qui subit cette attente d’exclusivité.
Le sacrifice n’est pas de l’amour
Se surinvestir pour l’autre, penser, décider et agir en fonction de l’autre ; Faire des choix en fonction de ce qui est bien pour l’autre et le satisfera ; Attendre l’approbation et l’autorisation de l’autre pour tout, sont des comportements d’enfermement et de sacrifice de soi. Ils sont motivés par le peur de perdre l’autre, par la peur de l’abandon et le besoin d’être apprécié et aimé de l’autre. L’autre étant la source de sécurité affective du dépendant affectif. Le passionnel, l’amour collé-collé par besoin de sécurité n’est qu’une illusion d’amour.
Une logique d’hyper-adaptation
Le dépendant affectif qui pense tomber amoureux (trop rapidement) saute dans la barque de l’autre en se clonant à sa personnalité, ses valeurs, ses préférences et rêves. Il pense alors que tout les rassemble, qu’ils ont de nombreux points communs, alors qu’en réalité il abandonne ses propres aspirations pour mettre à profit sa créativité, son temps, ses idées et compétences pour que l’autre réussisse et que tout se passe au mieux dans la relation. La relation est idéalisée, sublimée. Le dépendant affectif ne se réalise plus qu’au travers de l’autre mais cette forme de réalisation ressemble fort à de l’influence et de la manipulation ; stratagème non pas pour détruire l’autre mais le maintenir proche de soi. Il agit ainsi parce qu’il pense ne pas avoir suffisamment de valeur pour que l’autre puisse s’intéresser à lui et l’apprécier.
Le dépendant affectif n’existe pas par lui-même
Si l’attachement est normal lorsque nous sommes enfant car la dépendance nous permet de nous appuyer sur les parents ou référents qui contribuent à répondre à nos besoins essentiels tout en nous accompagnant vers l’autonomie et la responsabilité, cet attachement chez l’adulte peut s’avérer être un trouble lorsque la personne ne parvient pas à sortir de la dépendance à l’autre. Le vide et l’insécurité sont alors source permanente d’angoisse. Rien ne peut réellement combler le besoin de sécurité. La quête devient perpétuelle.
Des comportements infantiles
Le dépendant affectif donne, fait encore et encore dans l’espoir de recevoir. Il ne sait pas demander et exprimer clairement ses besoins. L’autre doit les deviner et y répondre. Lorsqu’il est à bout d’énergie d’adaptabilité, le dépendant affectif déçu du manque de retour de ses investissements agit comme un enfant, soit en boudant, en pleurant, en se mettant en colère, en culpabilisant ou en punissant. Pour sortir de cette situation d’attente qu’il subit, il passe au mode passif-agressif et devient contrôlant et s’adonne au chantage affectif et à l’oppression. Et en même temps, il revient très rapidement vers la retenue, par peur de décevoir et de voir l’autre l’abandonner. Sa colère et son chagrin, il les gardera pour lui.
Le rejet le fait souffrir
Le rejet lui rappelle sa perception de ne pas être à la hauteur et donc indigne d’être aimé. C’est une blessure qu’il ne souhaite pas à son pire ennemi tant il en souffre, et pourtant il apprécie parfois jouer de prise de distance, d’indifférence et de retrait pour montrer à l’autre son insatisfaction. Par là il escompte que la loi du « fuis-moi je te suis » fonctionne. Mais le jeu ne dure jamais bien longtemps, car la peur d’être abandonné est plus fort que tout. Il revient alors à l’autre en s’excusant et se culpabilisant.
Il ne sait pas poser de limites et accepte l’inacceptable
Cette façon de se montrer vulnérable et dépendant de l’autre le rend visible des personnalités perverses qui elles, manipulent pour détruire et se soulager d’un mal-être.
Le dépendant affectif est la proie idéale. Il a l’endurance nécessaire pour se plier et s’adapter. Il ne s’aperçoit la plupart du temps pas lorsque l’autre dépasse les bornes. Par peur ou sentiment d’infériorité, il accepte l’inacceptable et peut se mettre en danger, dans des situations de violence psychologique, économique ou physique. Le fait d’être intrusif, quémandeur, voire harcelant pour obtenir de la présence et un geste sentimental, le rend encore plus malléable. N’attendez pas dans ces cas pour vous faire aider.
Quelle issue ?
Que l’on soit dépendant affectif ou partenaire, les clés sont la connaissance de soi, de ses besoins et schémas comportementaux, peurs et limites ; les bases pour exprimer, mieux communiquer et se faire comprendre.
Le dépendant affectif doit travailler à prendre conscience de sa valeur et du parcours de vie qui a déclenché ses schémas de survie. Ses compétences à l’affirmation de soi dans un climat de communication non violente ont un intérêt à être développées. Celles aussi qui lui permettront de devenir un parent réparateur pour son enfant intérieur blessé. Devenir autonome c’est prendre en mains les besoins de l’enfant qui sommeille en soi plutôt que d’attendre que son partenaire de vie quitte sa position d’adulte pour devenir un père ou une mère.
© Geneviève Krebs, psychopraticienne en thérapies brèves, spécialiste depuis 25 ans de la dépendance affective et des souffrance d’abandon, de rejet et d’humiliation. Auteure de 14 livres, dont le best-seller “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en mains et agir“, et “l’enfant intérieur blessé : dix étapes pour devenir son parent réparateur” parus chez Eyrolles.