, s trois chemins stratégiques permettent au manipulateur d’oeuvrer à son avantage, en obtenant ce qu’il veut.
Pas de communication mais un processus de manipulation
- Il détecte les failles psychologiques et émotionnelles chez la personne qu’il a choisie comme cible.
- Il lui fait ressentir de la culpabilité, de la peur, de l’insécurité, de l’impuissance, du doute, etc. tout ce qui correspond à ces failles.
- Il met la personne en connexion avec un sentiment, une émotion ou une situation fortement désagréable, pour qu’elle ait envie d’en sortir rapidement. La personne va tout faire pour éviter cette souffrance.
- Le manipulateur l’en empêche, la fait encore douter, et la situation devient si inconfortable qu’il installe une monnaie d’échange par du chantage. La personne a tellement envie de fuir, qu’elle accepte pour en finir.
- Il émet de nombreuses critiques pour dévaloriser et faire perdre confiance en soi. Il dévalorise.
- Il fatigue et épuise au point de faire perdre tout point de repère, confiance en soi et estime de soi.
- Il isole la personne qu’il vise soit par la menace, soit en l’isolant physiquement, soit en la rendant agoraphobe et asociale.
- Il impressionne pour que la personne ne se sente plus libre d’être elle-même ou de s’exprimer librement. La personne est alors, en grand danger.
Attention au chantage et à la pression émotionnelle
Dans les cas les plus simples de la manipulation, la personne utilise surtout le chantage et la pression émotionnelle pour atteindre sa cible. Voici quelques exemples :
- Vous êtes commanditaire d’un audit important pour vous. L’auditeur ne vous remet pas à temps son rapport d’audit alors que votre client principal vous le réclame. C’est une condition pour décrocher un important marché avec lui. Vous vous fâchez car après quelques relances, le rapport n’arrive toujours pas. L’auditeur alors, use de ses charmes et son humour pour atténuer votre colère. Il use même d’ironie et ne prend pas au sérieux le degré d’urgence de votre besoin. Finalement, vous mettez en place un rapport intermédiaire que vous réalisez faisant état des premières conclusions énoncées durant la réunion de clôture, en attendant que le rapport final arrive.
- Vous avez un projet important à gérer. Vous émettez quelques remarques en réunion quant aux moyens qui sont alloués au projet et l’importance des obstacles rencontrés. À ce moment-là, votre responsable prend la parole et vous fait comprendre clairement que si vous n’êtes pas capable de mener à bien ce projet avec les moyens disponibles et pas heureux de le faire, d’autres attendent avec joie de prendre votre succession. L’intimidation est telle que vous décidez de vous taire.
- Votre N+1 vous convoque dans un bureau pour vous poser quelques questions. Il cherche visiblement à avoir le contrôle sur vous et cherche à vous intimider. Il a repéré en vous la peur du conflit et le rejet de la violence et de l’agression. Il se met à hurler. Le bureau mal isolé et vitré attire les regards de vos collègues. Gêné, vous n’osez pas répondre à ses menaces, de peur d’être jugé par les autres qui regardent et afin d’en finir le plus rapidement possible avec cette situation tendue que vous n’appréciez pas.
- Suite à quelques dysfonctionnements, il vous est demandé de vous engager plus fermement dans une démarche d’amélioration continue. Les autres projets également importants qui vous sont confiés, doivent également avancer. Lorsque le jour de la réunion mensuel arrive, on vous fait remarquer que par rapport à d’autres vous n’avez pas beaucoup avancé dans vos actions de progrès et que cela est regrettable. Qu’à cause de vous, tout le monde prend du retard. Et pourtant vous avez bien agi compte tenu du temps qu’il vous reste à côté de l’opérationnel quotidien et des projets à mener dans le long terme. Vous êtes pris de culpabilité, comme montré du doigt. Le soir venu, vous amenez du travail à la maison, repoussant un rendez-vous personnel important et grappillant sur votre sommeil et sérénité.
Ces quatre exemples ont un point commun : l’influence pour installer la peur ou la culpabilité, et en finalité faire agir en sa faveur. Il s’agit de manipulation.
Quand le manipulateur est atteint d’un trouble de la personnalité narcissique, le processus de manipulation peut être dangereux
Dans les cas les plus graves de la manipulation, par exemple, exercés par les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité narcissique, la pression est importante au point de mener la victime à sa propre perte.
La personne atteint de cette pathologie se croit alors être toute puissante. Elle pense fermement qu’elle a raison et que les autres ont tort. Il est impensable de la faire changer d’avis ou de positionnement. Il n’est pas facile de couper toute relation avec ce type de personne dans une relation professionnelle. Dans un milieu professionnel, il faut utiliser au maximum la contre-manipulation. Il s’agit de communiquer avec le pervers narcissique à l’aide de phrases courtes et floues, de faire preuve de beaucoup d’humour et d’ironie. L’idée est de démontrer qu’il n’a pas d’impact sur vous, que vous restez ferme et décidé, campé sur vos positions, bien solide ! Communiquer avec un pervers manipulateur n’est pas des plus simple. Et si vous vous sentez en danger, surtout parlez-en autour de vous. Sortez de la honte et du doute. Esquivez la culpabilité dans laquelle il vous a menée. La culpabilité rend la manipulation possible !
Rester entouré est la clé
Ne restez jamais seul, surtout si le manipulateur tente de vous isoler d’une façon ou d’une autre (psychologiquement par la menace, par la peur, par la fatigue, par la honte, etc. ou physiquement, en isolant votre lieu de travail, ou par vos horaires de travail, par les projets confiés, etc.). Allez vers les autres et parlez ouvertement de ce que vous vivez. Selon la gravité de la situation faites appel à une ou des aides extérieures, comme un psychothérapeute, un avocat, un médecin, des amis, etc.
© Geneviève Krebs, auteur d’une douzaine d’ouvrages et coach, pratique la psychothérapie et la thérapie brève depuis + de 20 ans