peur de s'engager

La peur de s’engager

Quand il est question d’évoquer la peur de s’engager, très souvent c’est à la vie sentimentale que l’on pense, alors que la crainte de l’engagement peut aussi être vécue dans sa vie professionnelle. Avoir peur de porter un projet ou d’accepter une nouvelle mission parce que convaincu de ne pas être à la hauteur est tout aussi bloquant pour son avancée que d’avoir peur d’aller plus loin dans une relation qui pourtant montre de bons aspects positifs.

Que se cache-t-il derrière cette peur de l’engagement ? Il n’y a pas une seule et unique explication. Selon la personne, les origines peuvent être diverses.

L’intime conviction que ce n’est pas fait pour moi

A l’annonce d’un projet, au moment d’un entretien de recrutement et même dans la découverte de l’autre avec qui l’on pourrait s’investir dans sa vie personnelle, il y a ces instants de malaise nourris par l’intuition qui font que “c’est plus fort que moi, mais je sens que je ne dois pas y aller” ! L’alignement esprit-corps ne se fait pas. Certains vont même jusqu’à ressentir des douleurs internes (maux de ventre, sensation d’étouffement, léger malaise). Le corps donne une indication qu’il est important d’écouter. L’inconscient aussi, au travers de pensées et de convictions. Vous savez… cette petite voix, en nous … ?

Vous êtes dans ce cas de figure ? Positionnez votre refus immédiatement, en tous les cas, dans les plus brefs délais, au risque sinon de vous laisser embarquer dans une situation qui n’est pas faite pour vous et dont il sera ensuite difficile de vous défaire. Et tant pis pour ceux qui penseront que vous avez fuit ou que vous êtes lâche. Restez loin des tentatives de culpabilisation. L’important est de vous respecter dans ce que vous pensez être bon pour vous. D’ailleurs comment être bien dans un projet et avec l’autre ou les autres, si à la base vous ne vous sentez pas à votre place ?

Les mauvaises expériences, les désillusions, les échecs à répétition

Quand on a le coeur en miettes, écorché de multiples cicatrices et qu’on estime avoir suffisamment laissé de plumes dans une relation sentimentale, amicale, familiale ou professionnelle, alors on a tendance à rester à la marge de ce que l’on vit… Un peu comme si l’on restait sur le palier de la porte sans jamais oser franchir le pas pour entrer dans l’histoire, la relation ou le projet. Ne plus prendre de risques inutiles pour éviter la déception, le sentiment non partagé, l’indifférence, le rejet ou l’abandon. Tout cela, évidement, ça fait bien trop mal !

Oui mais voilà, le risque zéro n’existe pas, en rien ! Evidemment qu’un passé douloureux a tendance à ne pas vouloir quitter la pensée du présent et prend toute la place lorsqu’il s’agit de prendre une décision pour l’ici et maintenant et pour influencer son avenir. Et en même temps … ne pensez-vous pas que justement parce que vous avez vécu ces expériences, rien ne peut plus être pareil ? Et lorsque je dis cela, je pense à autre chose que l’évitement, le blocage et le non-engagement. Je dis cela dans le sens de : “maintenant j’en sais un peu plus” donc mon jugement, mes décisions internes, mes choix de comportements, l’écoute de moi-même, et ma façon de m’investir, donner, recevoir, et demander seront différents que par le passé. Donc aujourd’hui ne peut être comme hier. Et donc mon expérience est forcément différente. La connaissance que j’aie de moi-même et la lecture, l’apprentissage de mes expériences font que je sais améliorer et réussir mon quotidien. L’expérience a démontré que l’erreur est possible et que je suis capable de rebondir. La vie n’a rien de linéaire. C’est un peu comme la courbe d’un encéphalogramme, avec des hauts et des bas, des réussites et des échecs, des points conformes et des zones hors normes. La ligne droite c’est la fin.

La crainte de ne pas être à la hauteur

Ce manque de confiance en soi-même n’a rien à voir avec l’autre ou l’environnement. C’est en soi que se trouvent l’origine de ce sentiment et la responsabilité des conséquences vécues par cette crainte. Vous aurez beau le nier, trouver toutes les raisons au monde pour expliquer que c’est à cause de ci ou de ça, ou des autres, de vos parents, de cet autre qui vous a maltraité, que vous vous ne vous sentez pas à la hauteur… Il va de soi que maintenant c’est à cause de vous, ni même à cause de l’histoire vécue enfant avec vos parents. Ces excuses là sont valables lorsqu’on est enfant et encore un grand adolescent. Adulte, vous avez eu moult fois l’occasion de vous désolidariser de ce qui a fait de vous un dépendant affectif, qui manque de confiance en lui et qui n’a cesse de se comparer aux autres, se trouvant évidemment moins bien, moins à la hauteur, moins méritant, moins chanceux, moins talentueux, moins beau, moins moins moins … Il est temps de se poser, faire ce travail laissé trop longtemps de côté et prendre conscience de votre valeur à tous niveaux. Sortez des travers de la dépendance affective qui vous font croire que vous ne méritez pas et que forcément la réussite n’est pas faite pour vous. Et si au contraire, vous avez été surprotégé durant toute votre enfance et avez ce sentiment d’avoir besoin des autres pour y arriver, alors vous aussi, vous aurez à faire ce travail de construire votre autonomie, votre reconnaissance, votre estime de vous-même, par l’expérience, parfois réussie, parfois apprenante.

La difficulté à se décider, la peur de se tromper : l’ambivalence

Il existe différentes causes à l’ambivalence. Il peut s’agir de la peur de l’échec mais elle peut aussi être due à ces moments de la vie où plusieurs possibilités s’offrent à soi, en même temps. Alors, comment être sûr de faire le bon choix et de ne pas se tromper, de n’avoir pas ensuite à regretter, pris de regrets et de remords ? Tel le perfectionniste, on devient alors d’une extrême exigence, attendant l’idéal et la perfection en tout. Pourquoi cela ? Déjà parce que le choix est là, et aussi parce qu’en exigeant le meilleur du meilleur, la qualité totale, l’inatteignable, c’est autant de critères sur lesquels s’appuyer pour ne pas trancher, pour ne pas avoir à y aller, pour attendre encore, pour repousser. Oui mais voilà, ne pas décider et stagner de la sorte, c’est décider quand même ! Eh oui, mettre la tête dans le sable n’a jamais empêché à l’autruche que le monde continue à tourner autour d’elle ! Le temps passant, l’ambivalence provoque des conséquences. Lorsque la situation n’était réellement pas faite pour vous, et qu’en plus vous l’avez ressentie, mais n’avez pas osé le dire, alors oui, l’ambivalence a pu vous aider… quoique… on ne sort jamais indemne d’un manque d’affirmation. L’autre ou les autres ont plutôt une vision de lâcheté que celle de quelqu’un qui a osé se positionner avec tact et réactivité, et donc quelqu’un de respectueux. Mais lorsque la situation ou les possibilités qui se présentaient à vous, ne serait-ce que l’une d’entre elles, auraient pu être source de joie et d’épanouissement, alors attendez-vous à vivre dans le regret et la culpabilité. Alors, pensez-vous vraiment qu’éviter de décider soit un avantage ? S’il vient répondre à votre besoin de calmer vos peurs et l’envie de fuir, ce comportement ne vous est en rien profitable dans votre avancée et votre développement.

Question : Qui a dit que l’engagement ne permet pas l’ajustement ?

La difficulté à prendre des responsabilités

Le mot “responsabilité” fait pour la plupart d’entre nous référence à l’engagement, l’attention, l’effort, la prise de risque dans le temps. Certains sont pris alors d’un grand poids sur les épaules et se sentent comme étouffés, écrasés. Et pourtant “prendre des responsabilités” est un sport que l’on apprend depuis notre plus tendre petite enfance, passant ensuite par l’école, notre vie personnelle et au travail aussi. Assumer, décider, assurer, gérer, manager, représenter, diriger, s’ouvrir, etc… sont des verbes qui nous engagent dans une forme de responsabilité, mais ce sont aussi ceux qui nous permettent de mettre une pierre à l’édifice, le nôtre ou celui auquel nous contribuons.

Le titre de ce chapitre parle de la difficulté à prendre des responsabilités. J’aime à dire que c’est une chance de pouvoir prendre des responsabilités. La chance de pouvoir m’impliquer, de pouvoir partager, co-élaborer, et pouvoir contribuer et oser se faire confiance et faire confiance en les autres, en l’entreprise, en les projets et opportunités. Prendre ses et des responsabilités c’est prendre le train en marche et avancer en toute conscience et mesure.

La peur de perdre sa liberté, son confort

Ah oui, … la peur de s’engager vient aussi de la peur de perdre quelque chose de précieux pour soi. Selon la personne, cela va être la sécurité, la liberté, le confort, ses habitudes, etc.  Si la perfection et l’idéal n’ont un sens que relatif car ne sont pas la réalité en soi, la liberté à 100% n’existe pas non plus car tous les critères sur lesquels elle repose ne dépendent pas uniquement de soi, même à vivre comme Robinson Crusoé. Il est intéressant pour les personnes qui ont peur de s’engager par exemple en amour, voire même dans un projet ou une nouvelle mission, de faire le point sur la façon qu’elles ont de vivre leur liberté, et leur tendance à s’investir. Ces questions par exemple peuvent être percutantes :

  • qu’est-ce que je fais “pour moi” de la liberté que j’aie, lorsqu’elle est là, palpable … Si par exemple, j’ai du temps qui vient de se dégager dans mon emploi du temps … Qu’est-ce que j’en fais concrètement pour m’épanouir et me réaliser ?
  • comment est-ce que je me comporte dans une relation, un projet, une mission ? Est-ce que j’ai tendance à tout donner pour l’autre, pour l’objet du projet, à m’en oublier et me sentir frustré ? … ou est-ce que je sais rester investie, impliqué tout en me préservant un moment véritable pour moi ?
  • est-ce que lorsque je rencontre une personne nouvelle, j’ai tendance à entrer dans son monde et oublier le mien ?

La peur de réussir

Derrière la peur de réussir, c’est la peur du changement, des nouvelles portes qui risquent de s’ouvrir, de la nouveauté qui va se présenter, et donc des incertitudes qui devront à nouveau être gérées. Réussir, c’est goûter au plaisir de l’accomplissement, du bonheur et de la satisfaction d’un moment, avant même qu’arrive l’instant du doute de tout perdre, de ne plus être capable d’aussi bien. De réussites en craintes, c’est la peur de l’échec qui risque de reprendre toute la place. Et si vous étiez capable de mieux encore ? Et si ces opportunités nouvelles suite à une réussite étaient tout naturellement là, juste pour la suite de votre cheminement ? On a tendance à croire que l’opportunité vient de dehors, souvent elle vient de ce qui nous anime à l’intérieur, de nos prises de conscience et des décisions que l’on prend et qui changent tout : perceptions, émotions, comportements, actions. Il y a des personnes à qui tout réussit ou du moins on le pense. Il y a des personnes qui semblent tout échouer, et pourtant… Observez :

  • qui s’est relevé de quoi, et du quoi, qu’est-ce que cela a permis ensuite ?
  • qui a réussi quoi, et a du affronter quoi ? Et en finalité, où en est la personne dans son avancée ?
  • qui a gagné quoi en évitant de réussir ?
  • qui a gagné quoi en perdant ?

La bonne nouvelle, c’est que dans les 4 cas de figures, tout le monde est gagnant ! C’est le cheminement de la vie… Reste juste à savoir quel chemin vous avez envie de prendre pour le vôtre.

© Geneviève Krebs, psychopraticien et coach depuis + de 20 ans.  Auteur d’une douzaine d’ouvrages dont “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en main et agir“, et “La dépendance affective au travail” parus chez Eyrolles

Pour compléter votre lecture

  • le livre bleu : pour comprendre, se situer face au trouble de la dépendance affective et savoir par où commencer un travail individuel. La deuxième partie de l’ouvrage offre un accompagnement précis et structuré.
  • le livre rouge : imagé d’histoires vécues, ce livre permet de comprendre l’impact de la dépendance affective dans le monde du travail, les risques pour la relation et la performance. Il propose en deuxième partie 20 fiches d’accompagnement.

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