Décision : l’influence de l’émotion

Prendre une décision implique d’importantes actions, et des ressources qui influencent à leur tour, les résultats et les performances de l’entreprise.

Prendre une décision c’est :

  • Raisonner en fonction du but à atteindre et des avantages visés ;
  • Choisir une réponse ;
  • Le faire rapidement (surtout si le facteur temps est décisif).

Nos points de repères pour décider

En prenant une décision, nous nous servons de tout ce que nous avons comme expériences et points de repères dans notre mémoire.

Faire ce retour en arrière, c’est aussi se connecter aux émotions qui sont liées aux événements passées, aux réussites et aux échecs, bien que le passé ne soit pas le présent et qu’une expérience, même similaire ne sera pas forcément vécue comme celle que l’on vit à l’instant t.

L’humain a besoin d’être rassuré dans ses choix. Et pour ce faire, il génère des idées, des solutions, des alternatives, des suppositions. Il évalue par anticipation le résultat engendré par le choix pour se mettre en sécurité.

Plus il arrivera à mener ce processus dans une moindre intensité émotionnelle, plus ses pensées et décisions seront justes.

Plus ses émotions seront intenses, plus les compétences pour décider seront amoindries.

Derrière les blocages émotionnels ou baisses de la performance nichent des peurs qui freinent l’avancement. Il est important de les éliminer.

Prendre une décision nous emmène à l’extérieur de notre zone de confort, là-même où nous ressentons le plus les risques.

Analyser ses peurs

Souvent pour prendre une décision, nous identifions les inconvénients, les pièges, les contraintes à prendre telle ou telle décision. Si nous n’identifions pas nos peurs, nous risquons d’inventer ou d’imaginer des contraintes qui ne sont que réelles dans la logique de nos peurs, mais qui n’ont rien à voir avec l’objet de la décision.

Quelles sont donc les peurs qui nous tiraillent, consciemment et inconsciemment ?

  • La peur de manquer de temps ?
  • La peur de perdre quelque chose ?
  • La peur de ne pas pouvoir ?
  • La peur de ne pas savoir, de ne pas être capable ?
  • La peur de se sentir mal ?
  • La peur du regard de l’autre et du jugement ?
  • La peur de se sentir inférieur ?
  • La peur de manquer d’énergie, de budget, etc. ?
  • La peur de l’échec ?
  • La peur de souffrir ?

Tous les humains doivent faire face à une bataille interne entre différentes parties de soi. Par exemple, ici, lors d’une prise de décision, une partie de soi qui a envie d’avancer, d’aller de l’avant même s’il faut prendre des risques, et une autre partie, qui à l’inverse, stoppe toute investigation en rappelant les risques et en ne voyant que le coté négatif de la situation.

Celui qui gagne sur cette guerre interne, est celui qui sait composer avec les deux parties. Celui qui va au-delà de ses peurs, qui sait les écouter, les comprendre et en faire des atouts pour la décision. Tout en avalisant les deux parties de soi, car elles sont toutes les deux nourries de bons sentiments pour le SOI, il est important que la négociation interne permette de donner priorité à celle qui doit agir, parce que c’est le moment opportun pour elle d’agir.

Comment surmonter

Pour faire cela, nous devons nous adresser à nous-mêmes et nous poser des questions. Alors oui, c’est en posant des questions que nous fragilisons notre apport de sécurité. Les réponses rassurent et nous tiennent à l’abri. Les questions par contre, nous fragilisent et nous déstabilisent, mais elles nous permettent d’évoluer. La question ouvre une porte, induit une nouvelle réflexion, ancre une prise de conscience, enrichit une recherche, un savoir, motive à explorer d’autres points de vue, d’autres expériences. Le tout agit sur la prise de décision, sur nos choix. Sans question, nous agissons comme dénué de vie et d’émotions. Nous éteignons nos désirs, notre créativité et ambitions. La question nous offre donc l’opportunité d’explorer notre potentiel, de nous surpasser, de nous ouvrir au monde, et aux autres, dans leur modèle de pensées et ainsi, s’enrichir sans fin.

Dans une situation donnée, si nous n’avons qu’une seule alternative, c’est une aliénation. Lorsque nous avons deux choix, nous nous retrouvons dans un dilemme. Se détacher de ses peurs, c’est se permettre l’ouverture et la flexibilité. C’est agir pour augmenter le nombre d’alternatives, avec de nouvelles possibilités de choix. Une troisième voie ou plus encore. Ce principe s’avère efficace dans la prise de décision. Nous pouvons changer de point de vue, changer de comportement, changer de niveau de questionnement et d’analyse. Le problème tel que nous nous le posons au départ n’est souvent qu’une perception de la réalité que nous nous faisons de la situation. Il existe nombres autres possibilités de perception pour se rapprocher de la vérité.

Même si la peur existe, il faut aussi reconnaitre l’existence du courage, de l’ouverture et du désir d’aller de l’avant. Tout comme les deux parties en conflit existent en nous et cohabitent, nous pouvons avancer en dépit de la peur. En réduisant l’espace que prend le sentiment de peur, on redonne la pleine place au courage.

« Les gens qui arrivent à quelque chose dans ce monde sont ceux qui se lèvent, qui recherchent les circonstances qu’ils désirent et qui, s’ils ne les trouvent pas, les créent ».
George Bernard Shaw

Subir ou choisir 

Une autre façon de prendre une décision est de laisser s’exprimer le duel en soi. Dans tous les cas, notre réponse sera notre choix. Et même “ne pas choisir” est décider. Nous ne pouvons pas ne pas prendre notre responsabilité et fuir le choix. Peut-être que nous pensons le faire, mais même la fuite va générer des conséquences.

Alors posons-nous les bonnes questions :

  • Entre le choix A et le choix B, quel est celui qui apportera le plus de satisfaction, de réussite, de joie, de positif ?
  • Entre choisir et ne pas choisir, quelle est l’option qui engendrera le plus de mal, de douleur, de difficulté, de dysfonctionnement, d’échec ? Se poser la question pour la conséquence immédiate, à moyen terme et à long terme. Je vous encourage à faire comme si vous étiez déjà dans la situation pour ressentir ce que cela fait de vivre avec ce choix, là !

Parfois la peur nous tétanise à un tel point que nous occultons la décision à prendre, et par laxisme, laissons les choses aller à la dérive. Mais en réalité, posons-nous la question :

Qu’est-ce qui est plus douloureux ?

  • La douleur de devoir passer à l’action et d’avoir à affronter sa peur ?

Ou

  • La douleur de la conséquence qui se présentera plus tard du fait de n’avoir pas choisi, pas pris de décision ?

L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.
Oscar Wilde
 

Choisir c’est se heurter au regard des autres

Recevoir une critique peut susciter en nous un sentiment de culpabilité. Et lorsque l’on vit cela de façon répétitive, c’est un bourreau interne que nous faisons naitre à l’intérieur de nous-mêmes. C’est lui qui par les jugements internes que nous induisons, nous pousse à l’échec, au mal-agir, à la tétanie d’action, à la procrastination, à l’auto-sabotage, comme si nous ne méritions pas d’être satisfait et heureux. Comme si la seule autorisation tournait autour de la souffrance et du sacrifice.

De là naît le sentiment de commettre une faute, la peur de se tromper, la perte de confiance en soi.

C’est en pensant que nous avons fait une faute, ou que nous risquons de déplaire aux autres, que nous recherchons une façon de rattraper les choses en réparant parfois quelque chose qui n’a pas à l’être, en faisant passer les besoins des autres avant notre propre équilibre, en nous sacrifiant, en nous isolant, en nous privant de satisfaction, en remettant nos idées à d’autres et remettant ainsi nos moments de gloire à d’autres. En nous dépréciant.

La culpabilité nous prive du droit de nous exprimer et nous positionner. Elle a un effet pervers sur la prise de décision et le droit à la différence.

Pour la contrer, il est nécessaire de l’identifier dès qu’elle se présente, la comprendre et s’opposer au juge et bourreau intérieur qui tentent de nous nuire. Reprendre son droit à la liberté, son droit à l’erreur, son droit à la différence et à l’évolution selon nos valeurs et besoins.

Si vous ne parvenez pas à faire ce travail d’introspection et de recadrage  par vous-même, faites-vous aider.

Les freins à la décision reposent sur la peur et la culpabilité

Les jugements passés qui ont été faits par rapport à mes choix et actions. Ces jugements sont restés ancrés en ma mémoire et ont semé la peur de me tromper, de ne pas prendre la bonne décision, de ne pas être à la hauteur. Les échecs passés et les expériences malheureuses. Lorsque je dois décider, le souvenir  me tétanise et me coupe de tous mes moyens.
La généralisation du risque Lorsque nous vivons des expériences désagréables, notre inconscient identifie ce qui a généré le sentiment d’échec ou de mal-être. Il tente ensuite de nous alerter dès qu’une situation présente ce même déclencheur. Par exemple, si mon supérieur m’a fait des remarques, je vais l’éviter et plus généralement je n’apprécierai pas la hiérarchie. Les projections négatives s’installent rapidement dans la tête d’une personne qui a peur. La peur par anticipation génère un pessimisme plus dramatique que la réalité. Notre anxiété nous empêche d’avancer.

 

Remettons toutes ces peurs, émotions, angoisses dans un contexte où l’entreprise a besoin que des décisions soient prises, souvent rapidement et où les défis sont nombreux et paraissent insurmontables. Pour éliminer les blocages et utiliser les émotions de façon à rester en contact avec nos pleines capacités, il existe des méthodes pour mieux se connaitre et comprendre comment chacun agit face à son mécanisme émotionnel et là où il est important alors d’agir pour retrouver un équilibre dans ses actions et choix.

Copyright Geneviève Krebs
auteur d’une douzaine d’ouvrages dont “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en main et agir” paru chez Eyrolles.

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