dépendance affective au travail

La dépendance affective au travail comme celle vécue dans le domaine sentimental est une souffrance qui vient d’une blessure qui a provoqué une peur incontrôlée du vide, de l’abandon et de la sensation de ne pas être apprécié. Une histoire “déclencheur” qui a fait nous sentir non-aimable, pas assez ceci ou cela. Une situation à l’origine qui avec le temps, les expériences et les échecs nous ont mis plus bas que terre, nous faisant perdre toute confiance en nous et en l’autre. Le mot “affective” nous amène souvent à penser qu’il ne touche que la vie sentimentale d’un individu. Au contraire, c’est un schéma qui a des effets sur tous les domaines de la vie, y compris le monde professionnel.

Comment la dépendance affective se traduit dans le monde du travail

Le dépendant affectif dans le monde professionnel est celui qui accepte tout, qui est incapable de dire NON par peur du conflit mais surtout par crainte de ne plus être apprécié. Il se met en surcharge de travail quitte à mettre en danger sa vie personnelle et son équilibre. Il a ce côté visible “très serviable” mais il a aussi un côté sombre qu’il vit dans l’ombre et qui passe par le contrôle, l’observation et parfois la manipulation, non pas avec une intention de nuire, mais pour faire tout son possible pour éviter de n’être plus apprécié, d’être rejeté ou ignoré. L’indifférence est un état qu’il ne supporte pas et qui peut le faire basculer dans une panique et un mal-être total.

Un manque de maturité affective qui a des effets sur son travail

La peur de ne jamais être à la hauteur fait qu’il en fera trop, jusqu’à basculer dans la sur-qualité qui a un coût pour l’entreprise, ou dans un surinvestissement.

La peur de ne pas être préféré (ou choisi) qui le pousse à pointer du doigt ce qui ne va pas chez ses collègues, pour se mettre en avant de façon tout à fait inconsciente.

La peur de perdre un avantage ou l’attention de quelqu’un qui l’empêche d’avoir des relations intelligentes et détachées avec tous ceux qu’il pensera être un danger pour lui.

Des peurs qui l’empêchent d’apprécier sa valeur

Les peurs sont la conséquence directe à son manque d’autonomie affective et son incapacité à reconnaitre par lui-même sa valeur. Il a besoin en permanence de vérifier à l’extérieur, auprès de ses collègues, de ses responsables hiérarchiques ou même auprès des clients et partenaires, sa validité à être un “bon travailleur” et une “bonne personne”. Il est incapable de s’adonner à un exercice d’auto-évaluation. Son point de repère est l’extérieur. Le doute fait partie intégrante du dépendant affectif.

Un malaise pour lui et pour les autres

Lorsque ses jeux de manipulation sont mis à jour, ou que sa “trop présence” devient lourde pour ceux qui l’entourent, le dépendant affectif est paniqué. Il va faire de son mieux pour récupérer la situation, soit en pleurant comme un enfant en pleine réunion ou face à la personne sur laquelle il aura posé toute son attention ou son besoin de reconnaissance, soit au pire en quittant l’entreprise. Ceux qui l’entourent ne savent pas très bien comment le considérer : est-ce un gentil qui souffre et qui manque cruellement de confiance en lui et qui a besoin d’aide ? Ou est-ce une personne toxique qui cherche à tout ramener à elle, en manipulant les personnes et les situations ? Ce qui est sûr c’est que cet état de dépendance affective pousse les relations vers une perte de confiance et une mise à l’écart.

Sortir de la dépendance affective

Sortir de la dépendance affective est possible. Un travail sur soi est nécessaire. Soit la personne parvient à faire ce travail seule, soit, si sa souffrance et son schéma de dépendance affective est trop lourd, elle peut se faire aider.

Le premier pas est de comprendre le fonctionnement de la dépendance affective

La dépendance nait d’un sentiment de vide inconsolable qui nous pousse à chercher le remède à l’extérieur auprès d’une autre personne ou d’une addiction. Mais la solution est ailleurs : elle est en nous.

La souffrance est le signe visible, physique et psychologique d’un état inconscient. En acceptant de travailler sur l’origine de ce sentiment de manque et de vide, les prises de conscience se font et la douleur s’éloigne. On dit que la personne se dissocie.

Comprendre est le maître mot pour une transformation à la fois dans la vie personnelle et dans la vie professionnelle. D’autres articles et surtout le livre “Dépendance affective au travail“, et “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en main et agir” parus chez Eyrolles vous aident à transformer ces situations.

Plus récemment en février 2019, vient de paraitre le livre “La dépendance affective au travail” qui explique ce trouble et ses effets dans le cadre de l’entreprise, et propose une vingtaine de fiches d’accompagnement pour bien amorcer un travail à ce niveau. Evidemment les cas les plus avérés, ceux qui génèrent de la souffrance méritent un accompagnement individuel.

Geneviève Krebs, psychopraticien et coach en milieu professionnel et personnel depuis + de 20 ans. Auteur d’une douzaine de livres parus chez Eyrolles, Afnor et Chronique Sociale.

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