Risques PsychoSociaux 2.0 (page 2)

Pour le ministère du travail « les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels d’origine et de nature variées, qui mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des salariés et ont, par conséquent, un impact sur le bon fonctionnement des organisations ».

Le constat de boulimie de l’information et d’addiction virtuelle se pose désormais dans toutes les entreprises ou presque et notamment avec la digitalisation. Le mail est devenu la norme, et la disponibilité au delà du temps de travail, une injonction de fait. Entre le devoir de connexion et le devoir de déconnexion, reste à trouver un équilibre pour respecter le droit des salariés à être déconnectés, et non disponibles les jours de congés et périodes de repos.

Les engagements pour la Qualité de Vie au Travail poussent les entreprises à vouloir mettre en place de bonnes intentions de faire, des règles d’utilisation du Net et plus précisément du mail et des réseaux sociaux, mais rien n’y fait. La plupart du temps, les engagements restent des voeux pieux.
Il n’existe pas de solutions toutes faites et de remèdes miracles. L’épuisement professionnel ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise. Le fonctionnement par mail est la base des échanges dans les organisations. Alors comment rester compétitif tout en préservant la santé et le bien-être des travailleurs ?
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L’usage d’Internet au bureau n’est pas toujours réglementé dans toutes les entreprises.  Si un usage raisonnable est en général admis, nombre de comportements nuisent à la productivité. La présence, les nouvelles stratégies webmarketing et le digital donnent davantage d’occasions de pouvoir surfer sans être sanctionné.

L’addiction virtuelle : un nouveau risque d’épuisement professionnel et personnel

Avec l’arrivée de plus en plus fréquente, de nouvelles technologies, d’applications séduisantes et interactives, nous constatons d’autres formes de troubles psychologiques : la cyberdépendance ou la cyberaddiction. C’est le fait de ne pas pouvoir s’empêcher de se connecter à Internet dans le but de ressentir du plaisir ou de palier à des soucis, stress ou tensions, comme un palliatif.

C’est lors du colloque de l’American Psychologic Association, à Toronto, en 1996, que ce terme a été utilisé pour la première fois par la psychologue américaine Kimberly Young. Elle affirmait alors, qu’il s’agit d’une nouvelle maladie psychologique. Et que cette cyberdépendance est la cause de multiples problèmes pour les individus.

Les études les plus optimistes signalent qu’entre 6 et 8% des internautes français sont dépendants, les plus pessimistes donnent une fourchette de 12 à 15%. Si ces derniers chiffres sont exacts, la cyberdépendance est en passe de devenir l’addiction la plus répandue contre 4% pour la toxicomanie et 10% pour l’alcoolisme en France. Les entreprises sont de plus en plus touchées par ces pratiques et phénomènes, car la cyberaddiction et cyberdépendance ne s’arrêtent pas aux portes de l’entreprise.

Internet répond à un besoin fondamental. Pour celui qui vit la solitude ou le vide, le réseau social apporte présence et sensation de plénitude. La connexion n’est qu’une échappatoire à des problèmes quotidiens, au stress ou l’incapacité de surmonter un traumatisme ou dur événement de la vie.  Comme une drogue, la connexion Internet aux réseaux sociaux donne la sensation d’un mieux. Sensation qui n’existe qu’au moment de la connexion.

La cyberdépendance a la particularité d’imposer à la personne de nouveaux comportements et habitudes. Par exemple :

  • Le travailleur, au lieu de profiter du temps du déjeuner pour sortir de l’entreprise, se ressourcer et récupérer, choisira de rester sur son poste de travail pour surfer. Dans le pire des cas pour l’entreprise, celui-ci se promènera sur la toile à des fins personnelles pendant ses heures de travail, allant jusqu’à se cacher et mentir pour le faire.
  • les personnes étant submergées de mails et messages personnels, ressentent le stress de la veille permanente et par-là se connectent régulièrement ou installent des alertes qui les empêchent de se concentrer ou faire des pauses ressourçantes.

 

Les risques

Je relève les phénomènes de la cyberdépendance en mon cabinet depuis plus d’une dizaine d’années. Celle-ci engendre de nombreuses conséquences néfastes pour celui qui est atteint et pour son entourage.

Les conséquences de la cyberdépendance
dans les divers domaines de la vie
Vie personnelle Moins de sport
Moins de temps pour le travail de développement de soi
Peur du vide accentué
Sentiment de solitude de plus en plus mal vécu
Palliatif aux angoisses donc aggravation
Vie conjugale Disputes conjugales
Disparition activités communes
Baisse ou absence de libido
Problèmes d’argent
Infidélités
Divorce
Vie familiale Cloisonnement des membres de la famille
Perte de points de rencontre de la famille
Perte de partage et communication
Traumatismes des enfants seuls devant l’écran
Vie professionnelle Diminution de la productivité et performance
Mensonges (se cacher pour…)
Retards dans les projets
Confusion dans les relations
Augmentation de la procrastination
Sentiment de culpabilité
Vie sociale Perte de relations d’amitié pour les enfants ;
Confusion entre les sentiments d’amitié, d’amour, et attirances physiques.

Des signes physiques et psychologiques se font rapidement ressentir, comme :

  • Assèchement des yeux ;
  • Manque de sommeil ou difficulté à s’endormir ou stress-angoisse à l’endormissement. La personne s’endort lorsqu’elle est épuisée ;
  • Difficulté à s’arrêter – « c’est plus fort que moi ». Augmentation du sentiment de culpabilité et aggravation de l’addiction ;
  • Amaigrissement ou prise de poids dus à des troubles du comportement alimentaire ;
  • Maux de dos dus à la posture prolongée ;
  • Fatigue chronique et perte d’énergie vitale ;
  • Dépression ;
  • Perte de points de repères de la vie courante ;
  • Apparition ou aggravation de problèmes circulatoires ou cardio-vasculaires ;
  • Aggravation d’autres addictions comme le tabac ou l’alcool souvent vécus de pairs ;
  • Déficit de la mémoire, de la concentration et de l’attention.
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Test d’auto-évaluation : suis-je cyberdépendant ?

Questions Réponses
Pensez-vous que vous passez trop d’heures devant Internet ? Oui    Non
Est-ce que vous allumez votre ordinateur ou surfez depuis votre téléphone dès votre réveil ? Oui    Non
Vous arrive-t-il de lutter contre l’insomnie en vous connectant à Internet ? Oui    Non
Recherchez-vous ou attendez-vous les conversations par Internet ? (tchat, messages) Oui    Non
Dans le cadre de votre travail vous arrive-t-il de passer plus de temps que prévu pour faire une tâche à cause d’une tendance à surfer ? Oui    Non
Avez-vous de la difficulté à être éloigné de votre ordinateur pendant plusieurs jours ou pendant les vacances ? Oui    Non
Si vous vous réveillez en pleine nuit, avez-vous tendance à vous lever et vous connecter ? Oui    Non
Sentez-vous que votre travail peut être ralenti ou affecté par l’attente obsessive d’une réponse à un message que vous avez transmis par courrier électronique ? Oui    Non
Êtes-vous déçu lorsque vous ne recevez pas beaucoup de réponses à vos courriers électroniques ou que les réponses mettent du temps à vous parvenir ? Oui    Non
Vous arrive-t-il d’attendre avec impatience que les membres de votre famille vous laissent tranquille ou que des amis écourtent leur visite afin de pouvoir utiliser votre ordinateur ? Oui    Non
Avez-vous choisi de travailler dans le domaine de l’informatique afin de vous donner bonne conscience quant au temps passé à votre ordinateur ou sur Internet ? Oui    Non
Vous arrive-t-il de remettre un rendez-vous à plus tard afin de naviguer plus longuement sur Internet ? Oui    Non
Avez-vous souvent envie de passer vos journées à naviguer sur Internet ? Oui    Non
Préférez-vous la facilité du contact virtuel (tchat, mail, sms, messages) aux relations interpersonnelles directes ? Oui    Non
Vivez-vous de la frustration ou de la colère lorsqu’Internet ne fonctionne pas ? Oui    Non
Avez-vous de la difficulté à limiter votre temps d’utilisation de l’ordinateur ou d’Internet en dehors des besoins professionnels ? Oui    Non
Y a-t-il des gens dans votre entourage qui vous reprochent d’utiliser votre ordinateur trop souvent ou trop longtemps et de les délaisser ? Oui    Non
Avez-vous de la difficulté à contrôler vos impulsions d’achat sur Internet en ayant des envies plutôt que des besoins ? Oui    Non
Avez-vous tenté, sans succès, de diminuer l’utilisation d’Internet ? Oui    Non
Avez-vous tendance à vous isoler à cause de l’utilisation que vous faites de votre ordinateur et d’Internet ? Oui    Non
Vous arrive-t-il de négliger votre travail ou vos activités personnelles pour naviguer dans Internet ? Oui    Non
Vous sentez-vous moins efficace (fatigue chronique et baisse d’énergie) à cause d’une trop grande utilisation d’Internet ? Oui    Non
Vous arrive-t-il de vous défendre d’être cyberdépendant ? Oui    Non

La cyberdépendance est une des addictions les plus difficiles à soigner car dans tous les domaines de notre vie nous avons besoin d’Internet. Pour le travail, pour relever ses mails, pour consulter la banque, pour faire des recherches, etc., Internet est inévitable. Donc impossible de passer par une période de sevrage total. L’entreprise se doit de mettre en place une charte et un règlement quant à l’utilisation personnelle d’Internet impliquant des sanctions graves pouvant aller jusqu’au licenciement.

Pour la plupart des personnes qui se soignent de cette addiction, il faut compter des années pour en sortir. Pour les personnes angoissées, Internet est sécurisant. Pour les personnes qui ne peuvent faire face aux difficultés de leur vie, Internet est une échappatoire, une façon de se voiler la face et de mettre la tête  dans le sable, comme un refuge. C’est tout l’ensemble qu’il faudra aborder : l’origine, la cause de la sur-connexion et l’addiction elle-même.

L’objectif est de pouvoir utiliser Internet dans son cadre professionnel (ou à des fins d’études) et d’en faire usage personnellement uniquement pour faciliter des actions de la vie courante (opérations bancaires, réservation d’avion, achat de places de concerts, etc.). L’apprentissage consiste à retrouver la maîtrise de sa vie réelle et de remplir celle-ci par ce qui nous procure du plaisir, autre qu’Internet.

Copyright Geneviève Krebs 2014

Vous rencontrez ce type de souffrance, ou plus généralement, vous souffrez du stress, de la pression émotionnelle, de harcèlement ? Vous souhaitez prévenir ou maîtriser tous autres risques psychosociaux dans votre entreprises ? Parlons-en !

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